innocents et sans scrupule
nous courons l'un vers l'autre sur le parking de la gare routière
nous marchons sous la neige sans ressentir le moindre froid
nous nous regardons comme si nous existions vraiment et nous éclatons de rire la bouche pleine de sandwiches
liquider le passé le cœur qui pompe le peut-il
plutôt que de deviser sans fin sur nos lacunes
nous nous suçons devant un écran plat où prédateurs et proies se feintent et se rusent
(toute cette pureté)
nous n'avons pas vraiment besoin de but
nous n'avons surtout pas besoin de mission
nous laissons le vent réduire minutieusement en copeaux nos gueules de bois et nous restons pensifs comme des vétérans devant le chantier de démolition
liquider le passé le cœur qui pompe le peut-il
dans le ciel d'hiver
la cime des immeubles découpe d'autres rues
(toute cette pureté)
il y a les restes d'un ancien feu
il y a une bâche en plastique que les barbelés mettent en lambeaux
nous nous désolons deux secondes d'être à ce point sensible à certains poncifs
autour de nous un autre soleil semble tourner
liquider le passé
le cœur qui pompe le peut-il
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