la vie est un passe-temps désespéré désespérant
j'essaie de rationaliser mais la vérité est sans pitié
heureusement que le printemps semble encore se souvenir de moi
nouveau nord
j'écoute à la radio des histoires qui finissent soit au commissariat
soit au cimetière
des histoires de menaces des histoires inventées afin de contrôler les braves gens
nouveau nord
les grands camions transportent le monde
dizaines de mondes
centaines de mondes
l'eau de la mer se rapproche à vue d'oeil
plaine incroyable et lisse et pleine
froide même avec le soleil
froide même avec l'enfant têtu
nouveau nord
la gare routière est en travaux
le godet du tractopelle barrit déjà contre les buses de béton armé
bière euphorisante du matin
les mouettes aboient
les adolescentes gloussent
nouveau nord
quelque chose de réconfortant parfume les rues
quelque chose qui se termine
quelque chose qui me vide
quelque chose qui remplace et les mots et les signes et qui n'est pas le silence
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