hanté

je ne suis ni normand ni féministe ni chanteur ni chamane urbain 

je n'ai pas envie non plus de voir baiser mes parents 

sans me vanter je crois que je suis plutôt quelqu'un de décevant 

les aphorismes que je déchiffre ne sont que des borgborymes entre réalisme social et perpétuelle crise d'adolescence 

lorsque l'ego les messages les jugements et les commentaires  remplacent le feu de l'esprit 

je crois que je préfère l'ennui 

avec un plaisir non dissimulé je suis devenu une blague dans le parc d'attractions des mensonges

traduction sinistre d'un monde spirituel qui me fait peur qui me rassure et qui me stupéfie en même temps 

fantasmes ridicules 

désirs débiles

clichés rigoureusement authentiques  tout en étant prodigieusement faux 

à me demander parfois si j'existe vraiment

les journées s'enchaînent qui ne veulent plus rien dire 

tout vire au blanc trop blanc

neige que je conçois 

cimetière que je construis 

seul 

tout seul et pourtant mal accompagné

des cyclistes qui ont de la merde dans la tête font la leçon à des piétons agressifs qui prennent le chou à des automobilistes pressés car ils ont des choses importantes à faire EUX 

(moi les morts m'engueulent) 

en vérité 

tout le monde n'est inquiet que pour ses propres intérêts 

en vérité 

tout le monde parle des langues mortes

en vérité 

tout le monde se ressemble à se vouloir absolument différent et 

faire semblant d'être normal putain est une telle tannée 

samedi dans les galeries marchandes 

dimanche chez les beaux-parents

métamorphose quand je ne sais pas quoi mettre

aléatoire quand je ne sais pas où aller 

avec un peu de patience  

le mauvais temps comme le dégoût de soi ça passe 

sans que personne ne s'en aperçoive 

mes cicatrices deviennent toutes phosphorescentes 

c'est pas pour me la jouer maniaque instable 

mais il m'arrive souvent de sourire  sans joie ou de pleurer sans peine 

totalement hanté 

totalement tranquille 

seul 

tout seul et pourtant mal accompagné