sous un ciel sans fin
je rêvasse comme un idiot
dans les rues commerçantes
j'ai l'impression d'être un total étranger
je ne suis pas du tout inquiet
je regarde la poussière tomber
le visage des chiens qui en savent tant sur nous
je regarde les failles qui me construisent
mon envie de prendre une cuite
mes bravades minables
la terreur que je planque dans le rire et la méchanceté la plus vile déclenchée par le manque d'amour
ai-je mentionné que tous mes super pouvoirs sont inutiles et que je ne suis pas très sociable
ai-je signalé que
je considère ce deuil général comme un congé sabbatique
je ne suis pas du tout inquiet
la ville est en pleine mutation
les limites se dissolvent
ici un hôtel qui a fait faillite
ici un jardin donnant sur la voie ferrée
ici un hangar qui ne détient plus ni camions ni autobus
je ne suis pas du tout inquiet
il y a quelque chose dans les briques usées
quelque chose dans la gueule des trains
quelque chose que l'argent n'achète pas
une forme de douceur dans une ambiance pesante de règlements débiles
de sacrifices absurdes
et d'athéisme aussi inepte que n'importe quel fondamentalisme
je fais comme d'habitude
je me concentre sur les exceptions
sur la porte qui s'ouvre au moment même où toutes se ferment
je ne suis pas du tout inquiet
quand je m'ennuie je fais revenir des oignons
quand je suis morose c'est que je vais mieux
je ne suis pas du tout inquiet
je sais que tout ça va très mal se finir
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