travailleur précaire



le parcours te connait par cœur
c'est traîner en ville
c'est toujours tout droit
c'est toujours par là que tu vas
au bout de ce faubourg 
qui sent la pluie et le cramé
le chenil la machine
le papier mâché

dans le troquet
qui fait angle
la lumière fait des plaques
écran plasma
football anglais
jeux de société qui sont encore la société 

y a trois pelés et un tondu 
toujours les mêmes
qui tapent la discute
qui se jaunissent
qui parfois se taxent du tabac

y a celui qui dit 
payer pour ça c'est pas normal

y a celui qui dit 
une femme ça se dresse 

y a celui qui dit 
alors lui il fait trop son papa
un jour je vais lui rentrer dans la bouche il va pas comprendre

y a celui qui dit
arbitre fils de lâche 
y a de quoi péter un câble hein 

toi tu dis rien
travailleur précaire 
42 ans bientôt 43
tu penses à Yaëlle qui ne te regarde plus du tout mais qui t'analyse en permanence 
tu finis ta vodka 
tu prends appui
tu remets ta parka
d'aussi loin que tu te souviennes
faire partie
t'a toujours fait partir

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