souvent quand je me souviens



étrange poussière que fabrique nos corps 
étrange poussière que fabrique nos dieux
naïvement je croyais pouvoir arracher quelques réponses au carnaval du vide qui nous poudre les yeux 

souvent quand je me souviens
souvent je me souviens de trop 

vieil homosexuel aux cils maquillés qui fit la guerre d'Algérie 
jeune bandit teint en blond engagé dans le militantisme surtout pour la baise et la baston 

souvent quand je me souviens
souvent je me souviens de trop 

encore une loi qui favorise les grandes entreprises 
encore un arbitre qui mise de l'argent sur les matches qu'il dirige 
encore une liberté qui nous empoisonne

mille injures et mille misères ont engendré un peuple minable vautré dans l'ignorance et le cynisme

quand souvent je me souviens 
souvent je me souviens de trop 

une fille à qui la tristesse va si bien
une fille toujours entourée par ses fantômes 
la chaleur du thé qui l'apaise lui fait d'un coup pousser les ongles 

aube pluvieuse dont le ciel sans le moindre mur la maintient en détention

quand souvent je me souviens 
souvent je me souviens de trop 

ce monde que nous voulons domestiqué en contient déjà un autre qui déjà nous dévore 
je ne compte plus les jours 
les feuilles des plantes grimpantes sont tellement vertes et grasses que j'ai grave envie de les mordre 

souvent quand je me souviens
souvent je me souviens de trop 

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