voie 7

les plus belles choses finissent par pourrir
arbres morts au fond d'un lac
les plus belles choses finissent par pourrir
et je picole en scred sur mon banc 
en écoutant la pluie tomber sur la toiture de la gare 
romantisme traitre

ça sert aussi à ça l'intelligence
à se gruger soi-même
je ne suis ni bourreau ni  héros
ni victime ni lâche 
(enfin pas trop )
je suis juste un gros con sentimental 
et ces petits branleurs défoncés là-bas se foutent bien de ma gueule
ils ont bien raison putain 
leurs âmes sont sponsorisées et le gouffre les attend
(eux aussi)

il n'y a aucune réponse
qu'une routine d'histoires et de métaphores qui me tiennent chaud mieux que matière fossile
il n'y aucune réponse et il n'y en aura pas

elle m'invite la fille aux yeux de chat
qui font légèrement fulgurer la nuit 
elle m'invite mais elle ne veut surtout pas me connaître même si elle me trouve plutôt pas mal sans mes lunettes
c'est gentil 
(j'aperçois déjà ses crocs)

elle aime me lire 
mais elle n'aime pas ça
le nombrilisme adolescent dans laquelle parfois ma poésie se vautre
(certes)

je lui dit qu'au moins je n'écris pas du bizarre en étant persuadé d'écrire de l'original
soirée passionnante qui ne signifie rien
à part que l'amour m'ennuie

il y a des trucs qui ne vont pas bien chez moi mais qui vont très bien pour éloigner certaines personnes qui ont absolument besoin de faire partie d'une majorité ou d'une marge
besoin de haïr donc
besoin de boniments donc 
occupations d'abrutis qui votent ou qui s'abstiennent

comme d'habitude 
les élus se gavent 
comme d'habitude les faibles geignent blasés et éteints

je remarque que les étoiles ont remplacé les nuages
empreintes et traces qui se croisent
moment frais qui dégage des parfums de ferraille et de gravats

ça ne peut pas être tout le temps la déprime 
ça ne peut pas être tout le temps l'échec
ça ne peut pas être tout le temps comme ça

mon train est annoncé voie 7
je ne m'éloigne pas de la bordure du quai 
juste pour voir

juste pour voir

par Fred Meliani