ô souvenirs


rues sordides
rues embourgeoisées que le jour férié a vidé de ses piétons et à qui la pluie donne belle allure
dans ma tête des voies ferrées 
dans ma tête une fille au passé psychologique lourd-léger qui pleure dans la voiture numéro sept
Sète 
ville où je ne suis plus chez moi 
ville que je ne peux pas quitter
ville où j'aimerais avoir une vie
ville où il n'y a plus que ce parking qui soit aérien 
ô marge imaginaire 
ô souvenirs inimaginables 

Jean-Jacques l'écrivain est de retour 
yeux de flic 
provoc à deux balles 
il me fait part de sa théorie 
vous les poètes vous êtes tous un peu pédés non 
me dit-il 
chais pas chéri
je ne suis pas psy et tu as l'air de si bien t'y connaître
me fondre dans le décor j'ai toujours aimé ça 
écouter les connards qui votent beaucoup moins 
club de faux derches qui jouissent d'exclure 
ô marge imaginaire
ô souvenirs inimaginables 

toute cette peur qui traîne dans l'air 
toutes ces possibilités 
qui peuvent m'enrichir ou me bousiller
ambiance 
j'ai enfin l'âge où l'instinct devient à peu près fiable
où tout se joue plus ou moins dans le bon tempo
plus besoin de mes comportements limites 
plus besoin de m'affirmer à tout prix 
apéro avec moi-même dans ma vieille bagnole
musique triste
chanteuse à la voix fumée 
ici j'ai la paix dont j'ai besoin 
ô marge imaginaire
ô souvenirs inimaginables 

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