passerelle

10 000 ans
les étangs de boue
les étangs
les vastes étendues recouvertes

tout ça est loin maintenant
les dinosaures aussi

j'arpente les rues lessivées par les averses de la nuit

quartiers de viande
pâtés de maisons
flancs de colline

il fait doux
les derniers couche-tard se finissent à la bière adossés contre les carrosseries
certains se coursent sur le goudron
se taclent par derrière
chemises déchirées
arcades ouvertes

d'autres enfin chialent leur mère sur un bout de trottoir
le visage crevé
la peau sale
les effluves perceptibles

en zone mixte
le maquillage saigne et les nibards dégueulent

en zone mixte
les premiers lève-tôt se croisent qui ont des poches au bout des bras
qui ont des poches au bout des yeux et des yeux durs comme des œufs
des yeux qui parfois ne sont pas vraiment au bon endroit

minuscules périples
un marché de plein vent se construit
un regard de jeune fille me fait sursauter le cœur
un regard ultraviolet aux propriétés antiseptiques

décidément
cette passerelle offre toujours un point de vue inédit sur les arbres et les toits et la collecte des eaux pluviales et le passé qui ne passe toujours pas

et le passé qui ne passe toujours pas


Commentaires