routine des situations tordues

celui qui traduit intégristes par hypocrites

monothéisme par patriarcat
celui que tout blesse
celui qui veut toujours avoir raison
une vraie gonzesse

celui qui a un chien
celui qui n'a pas d'enfant
celui qui est maigre comme le chanteur qui vient de mourir

celui qui estime qu'il faut que je grandisse
celui qui dit que je ne devrais pas vomir mon mal-être et appeller ça de la poésie

l'air flotte
les adultes puent
leurs lois
leurs maladies
(électricité en train de naître) 

celui qui veut tuer tous les rentiers
les morts c'est eux
celui que tout le monde croit soûl et qui engueule la foule
les morts c'est eux
celui qui tourne en rond dans sa cage thoracique
les morts c'est eux

celui qui dit moins d'impôts et plus de police
celui pour qui tous les homophobes sont des enculés
celui qui a la permission de dieu pour se comporter comme un pourri
(sa fin du monde est un mélodrame ringard)

celui qui en 2018 emprunte encore des DVD à la médiathèque
celui qui dit que les SDF sont les vrais monuments de cette ville
celui qui est ému sans trop savoir pourquoi
peut-être à cause de l'odeur du café chaud
peut-être à cause des cheveux de cette poétesse sur son ventre
putain de poétesse
putain de gueule de bois

mélange des émotions sur cette route de campagne déserte qui frôle le ciel dans certains virages et qui lui mets littéralement les larmes aux yeux

nuages comme des sortilèges
nuages qui s'effondrent lentement en faisant de la brume dans les faisceaux du soleil levant

celui qui veut toujours tout trouver logique
faut qu'il arrête ça
celui dont les jérémiades me fatiguent
faut qu'il arrête ça également
et celui qui passe ses nuits sur internet
faut plus qu'il m'appelle

celui qui cloisonne
celui qui dit que j'ai flingué le projet
celui qui me conseille de lècher ma mère ou de sucer des bites

celui que l'amour rend méchant
celui qui est devenu le parc d'attraction de lui-même
celui qui hospitalisé te remonte le moral

et puis y a celui qui va mieux depuis qu'il a fuit sa famille

et puis y a celui qui vit mieux depuis qu'il vit
dans son camion

et puis y a celui qui est parti pour acheter du fromage râpé et qui revient sans

celui qui dit que je ne suis pas assez universel
celui qui dit que je ne suis pas assez festif
celui qui veut m'apprendre à vivre
et qui a totalement raison
mais j'en ai rien à foutre
ce qu'il faut retenir c'est que j'en ai rien à foutre
que je préfère mes angoisses existentielles à la tristesse de ses certitudes

et puis y a celle qui ne s'appelle pas Sophie et qui me trouve quand même hautain

et puis y a celle dont le cœur est une fusée

et puis y a celle qui a toujours été bonne élève

et puis y a celle qui a toujours su gérer les gens

et puis y a celle dont la fidélité n'est pas le fort

et puis y a celle qui parle encore à son papy
son papy mort depuis 20 ans
son papy qui disait toujours
y a
y a
y a pas
y a pas

celle que la came rend trop obéissante
celle qui trouve que les bédés c'est pour les débiles
celle dont le besoin de plaire m'épuise
malbouffe sur un parking d'autoroute

celle trop grippée pour tenir une conversation
celle qui parle beaucoup et qui n'a rien à dire
celle qui va essayer de faire comme si elle s'aimait

et puis y a celle que son mec rassure
et puis violente
et puis y a celle dont le mec mate un porno sur son portable tout en lui défonçant le cul
(routine des situations tordues) 

celle qui aime trop gagner
celle qui est trop petite pour porter un si grand chapeau

et puis y a celle qui dit rien
celle qui dit tout quand elle dit rien

celle qui se passionne pour des lieux de vie vides
celle qui tapote la barre de maintien avec sa manucure sexy
celle qui veut que je m'exprime
et puis qui m'en veut à mort de l'avoir fait et qui se venge

se venger
écrire c'est souvent que ça

aujourd'hui la pluie
demain le feu
aujourd'hui la pluie
demain le feu
sobriété qui fait la boue propre dans ma tête